vendredi 5 juin 2009

Une bouée à la mer!

Je ne suis plus triste ni malheureuse.

Que les choses soient bien claires, je suis totalement paumée et incapable de me dépatouiller avec quoi que ce soit, mais je suis heureuse.
Pas autant qu'on puisse l'être, certes, mais heureuse tout de même.
Même si ça n'est pas évident tous les jours.

Quand je regarde en arrière (parce qu'il faut bien regarder qq part, et il se trouve que j'ai énormément de mal à me projeter), je me rend compte que la situation n'est pas SI dramatique.

Ok, ça pourrait aller mieux, c'est clair. Mais je ne crois pas être un cas désespéré.

J'ai plutôt l'impression d'être excessivement fatiguée. Et le repos tarde à venir.

les 23 premières années de ma vie, je les ai passé à tenter de ne pas me noyer.
Je suis dans l'océan, personne pour me secourir, des requins essayent de me bouffer, et moi, pendant 23 piges, j'ai réussi à ne pas me noyer, ce qui est déjà un exploit en soi (je me jette des fleurs, ça m'arrive rarement, j'en profite). J'ai réussi à trouver une bouée, je ne sais pas comment, mais je l'ai attrapé.

La bouée, c'est le jour où j'ai vaillamment décidé de virer les personnes infréquentables de mon entourage.

Depuis ce jour, je flotte. Je suis tranquille, sur ma bouée, je suis un peu lasse, parce que j'ai tellement usé mes forces à tenter de survivre, que je ne sais pas bien quoi faire une fois que tout est presque trop facile.
Je suis là, avec ma bouée, et je me laisse vivre (là, je réalise que la bouée peut très bien être symbolisé par tout ce poids en trop qui, finalement, me protège. De quoi, je ne sais pas, mais je me sens bien en sécurité derrière). Ce qui était sympa les 2 premiers mois (on a besoin de repos, blablabla), devient particulièrement chiant au bout de presque 5 ans.

Cette bouée, c'est un peu comme si on me disait "Tiens, voilà, tu vas t'en sortir maintenant, trouve juste le rivage, et tu es sauvée!"
Sauf que, c'est trop facile, ou l'idée d'être sauvée me panique, j'en sais rien. Mais je ne bouge plus.
Je pourrais lâcher la bouée et me noyer, mais je n'en ai pas envie du tout, d'une, je me suis battue comme une tarée pour l'atteindre, c'est pas pour la lâcher. De deux, j'aime la vie, et malgré toutes les épreuves, je persiste à penser que la vie est magnifique, ce sont les gens qui sont cons.

J'ai remarqué aussi que je suis une battante. Pas dans le sens noble du terme genre "Ohlala, c'est une battante, elle arrivera à tout dans la vie". Non, dans ce que le terme a de plus idiot. Je n'arrive à vivre qu'en me battant.

C'est un peu ce que j'ai appris toute ma vie: survivre, et me battre pour y parvenir.
Ca parait sans doute idiot dit comme ça, mais si, il faut une sacrée volonté de vivre pour ne pas se laisser mourir certains jours. Il faut un sacré tempérament pour décider d'entreprendre des choses et les réussir après s'être entendu dire un milliard de fois "Tu n'y arriveras jamais, Tu n'es qu'une grosse conne!"
Il faut aussi une sacrée foi en la vie pour regarder un canon pointé sur soi, et ne pas bouger. S'entendre dire "Ha ha ha! Ta vie ne coûte pas plus qu'une balle (NDLA: Une balle, dans les années 90 devait coûter dans les 20 centimes si on en croit l'auteur de la phrase)! S'il en reste une dans le chargeur, t'es morte!" Et voir celui qui tient le flingue appuyer sur la gachette.
Et je ne parle pas d'un pistolet en lastique, évidement.

Je n'essaye pas d'être dramatique, j'essaye simplement de remettre en ordre mes idées, et c'est dur.

Et quand je me souviens de ces moments, c'est complètement con, mais j'en retire une certaine fierté: J'ai survécu!
Je sais que certains vivent bien pire.
Je sais aussi que certains vivent bien moins grave et ne s'en sorte pas aussi bien.

Bref, j'en étais à: Je suis une battante, dans ce que le terme a de plus débile.

Oui, pendant toutes ces années à vivre dans la tannière du monstre, j'ai dû faire profil bas. Et quand j'ai quitté le logis, j'ai dû continuer à me battre, et je suis assez satisfaite du résultat.

Sauf que, le jour où je n'ai plus eu besoin de me battre, et bien c'est comme si j'avais perdu une raison d'avancer.
En l'écrivant, je me rend compte du stupide de la situation, à quel point c'est ridicule, mais c'est un fait.

Un exemple crétin: Il y a 3 ans, l'homme avec qui je partage ma vie aujourd'hui m'a quitté.
Il n'a pas choisi son moment, mais il avait besoin de respirer, vivre avec quelqu'un qui vient de trouver une bouée, c'est pas exactement l'extase.
Je suis passée d'une léthargie complète à une sorte de furie.
En 2 mois, j'ai perdu 17 kilos, je me suis reprise en main sur tout un tas de points. J'étais malheureuse comme jamais d'avoir perdu l'homme que j'aime, mais il y avait un combat à mener: le récupérer... Evidement, j'ai réussi. Dès qu'il y a une bataille, je suis la meilleure. Napoléon, c'est moi.

Malheureusement, je ne sais plus comment me débrouiller du moment que je dois me battre contre rien.

Et la bataille que je mène aujourd'hui est sourde et ne dépend pas de moi. Un juge a les cartes en main pour tout décider. Et là, il ne s'agit pas vraiment de se battre, mais, à la rigueur, farfouiller dans mes souvenirs pour trouver le plus horrible possible, trouver des preuves (15 après, facile!), des témoins. et franchement, ça me saoule.
Sans avoir oublié toutes ces choses, je n'en souffre plus aujourd'hui.
Je souffre de la léthargie dans laquelle je suis. De ne pas me connaître vraiment. De ne pas exactement savoir ce que je veux. De la colère et de la rage que je peux resentir vis à vis de mon (mes) aggresseur(s).
Mais je ne souffre plus violement de ce que j'ai subi.

J'arrive à y penser sans émotion, comme on repense à une scène d'un film d'horreur. C'est moche, mais voilà, je ne suis plus traumatisée.
Je le suis plus par toutes ces phrases assassines prononcées en vue de m'anéantir et me faire taire à jamais que par les faits eux même (c'est le fruit d'un long travail, ne nous méprenons pas).

Bref, la question du jour c'est: comment faire pour sortir de cet état de stupeur agaçant et pesant. Ok, je n'ai plus véritablement de bataille à mener, mais alors, comment arriver à me bouger sans supplier mon mari de me tromper ou de me quitter pour avoir à nouveau un combat à tenir de front.

C'est une caractéristique quej'ai toujours bien aimé chez moi, cette facilité à me sortir de n'importe quelle situation, là où d'autres sombraient lamentablement.
Aujourd'hui, ça devient un handicap, et c'est un peu chiant! J'ai d'autant plus de mal à supporter cet état que, justement, je suis quelqu'un qui a l'habitude de s'en sortir, toujours, par tous les moyens.
Là, l'apparente facilité de la situation me laisse pantoise, sans arme...

Je ne sais pas si ma théorie est bonne, mais de bon matin, elle me semblait tout à fait correcte.

7 commentaires:

Anonymous la pestouille a dit...

ma belle,

Je suis toute confuse, je débarque. je découvre avec stupeur ce matin tes récits. Je suis toute seule au bureau et heureusement car ce que tu racontes me touche profondément et me rend triste, et m'indigne. Même en lisant ton premier blog, malgré l'humour, malgré l'entrain on peut déceler quelque chose de plus sombre, mais je ne pensais pas que tu lèverait le voile sur des choses aussi tragiques et je trouve ton courage et ta force remarquables.

Je t'embrasse bien fort.
claire

5 juin 2009 à 10:20  
Anonymous Anonyme a dit...

tu m'épates par ta clairvoyance
moi aussi je t'embrasse bien fort

5 juin 2009 à 10:59  
Blogger LMO a dit...

@La Pestouille: Ce n'était pas l'effet escompté... Je ne veux rendre triste personne!!
A vrai dire, je ne pensais pas en parler non plus... Mais j'en éprouve le besoin en ce moment. Et je préfère saouler des internautes (qui peuvent zapper) plutôt que mon mari :-p
Merci pour ton soutien en tout cas! Je ne pense être ni forte ni courageuse, mais ça fait plaisir à lire quand même! :-p

@anonyme: Ben moi aussi, je vous embrasse!
Et ma clairvoyance ne me sert malheureusement pas à grand chose (sauf à crâner parfois...)

5 juin 2009 à 19:01  
Blogger Sandymatt a dit...

Je suis désolée, je ne suis pas très douée pour trouver les mots.

Mais je suis là, je te lis et j'aimerais pouvoir dire autre chose que ça... Je suis pas vraiment à la hauteur, quoi !

5 juin 2009 à 20:54  
Blogger Karen a dit...

Poser des mots sur tes maux... dès que tu en ressens le besoin... Tu es très lucide, et tu sais où tu veux aller, il te reste à trouver comment.
Bisous ma belle,
Karen (qui a répondu à ton tag de l'autre côté)

6 juin 2009 à 01:43  
Blogger La Mouette a dit...

Tes propos sont décidément très touchants. Ta clairvoyance est ta meilleure alliée pour avancer. Et au fait, sors ta main de ta poche, Napoléon! bizz

8 juin 2009 à 22:11  
Blogger LMO a dit...

@Sandymatt: Merci :-) Ca me touche.

@Karen: Euh, je ne sais pas si je sais où aller en fait. En tout cas, c'est évident que je ne sais pas comment!
Mais, merci :-)

@La Mouette: Lol! Et merci, j'espère que ce que tu dis est vrai...

12 juin 2009 à 17:32  

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