lundi 17 août 2009

Faich!

Je suis un monstre, c'est officiel...

J'ai passé un bon week end, chez ma mère, avec mon mari et ma Mouflette. et un cousin très chouette. J'ai vu des amis, j'ai rigolé, j'ai tout oublié l'espace de quelques heures.
La vie reprend le dessus, l'espoir renaît, le désir se confirme. Bref, tout recommençait à aller à peu près bien.

Jusqu'à ce mail...

J'ai une grande famille. Je n'en connais que quelques membres, ma mère, mon oncle, sa femme et mes deux cousins. Je les aime très fort.

J'ai 4 autres oncles que je connais à peine. et une ribambelle de cousins, idem.

J'ai renoué le contact avec l'une d'entre elle récemment, on s'est vu, c'était sympa. Comme lorsqu'on rencontre quelqu'un que l'on a pas vu depuis très longtemps, et qu'on n'a jamais vraiment connu.
Elle se marie l'année prochaine, ça me ravit pour elle.

On entretient une correspondance par mail, on se raconte un peu nos vies dans les grandes lignes.
Le dernier, je lui ai envoyé très en retard, et pour cause, j'avais de mauvaises nouvelles.

Elle vient de me répondre. Elle est désolée pour moi.
Et enchaîne sur le fait qu'elle est enceinte, et qu'elle a aussi eu des pertes de sang.

L'espace de quelques millièmes de seconde, j'ai espéré qu'elle avait connu le même sort que moi.

Je suis un monstre...

En fait, elle va bien. Le bébé aussi. Elle est enceinte de 7 semaines.
J'en étais à presque 9 quand tout s'est arrêté.
Je devrais être à 11 semaines aujourd'hui, être comblée, heureuse, et faire la joie de mon mari et de ma fille.

Au lieu de ça, je suis vide, et j'en viens à en vouloir aux gens de m'annoncer qu'ils attendent un bébé, et que tout va bien. J'en viens à presque espérer que ça leur arrive aussi.

Je m'en veux, évidement.
Et dans le fond, j'espère que sa grossesse se passera bien.
J'imagine qu'elle m'a parlé de ça pour que je la rassure, ou parce qu'après avoir vécu une fausse couche, je suis plus à même que n'importe qui de comprendre l'angoisse que des saignements peut provoquer.

Je suis très jalouse d'elle. Je suis jalouse aussi de la femme de mon cousin espagnol (pas un vrai cousin, mais c'est très compliqué) qui est tombée enceinte une semaine avant moi. Je suis jalouse de n'importe quelle femme enceinte croisée dans la rue.

D'un autre côté, voir que des grossesses se passent bien, ça me rassure.
Et surtout, je suis vraiment ravie pour ces personnes. J'imagine leur joie. Ca me tord le coeur, mais ça me rend heureuse aussi, pour eux.
Imaginer qu'elles puissent perdre leur bébé, elles aussi, et vivre une telle tristesse, ça me donne envie de pleurer rien que d'y penser.

Il n'empêche, j'ai eu cette idée furtive. J'ai ressenti cette jalousie me pincer si fort que ça en a été physiquement douloureux. Et je sais que je ne suis pas à ranger dans la catégorie des gens biens.

vendredi 14 août 2009

Accords

J'ai remarqué un truc complètement con dernièrement.

Je ne sais pas si ça peut vraiment m'aider, mais c'est un constat qui m'a frappé hier dans ma voiture.

J'aime bien conduire dans ma voiture, quand j'y suis toute seule ou avec Mouflette (Je n'aime plus conduire à côté de mon mari ou qui que ce soit d'autre), je mets la radio à fond quand la chanson me plaît. Et je me sens vivante...
Et j'ai plus faim...

De deux choses l'une. Soit écouter de la musique me nourrit. Soit je mange pour me sentir vivante.

Bref, je ne sais pas si c'est la solution miracle, mais ça me paraît plus sain que les sachets protéinés (que j'ai fichu à la poubelle, ils étaient périmés de toute façon).
Et au pire, à défaut de maigrir, ça me mettra de bonne humeur.


jeudi 13 août 2009

Up and down...

Des bas des haut
Il y en a partout
Mais des bas
Il y en a surtout...

(Référence cinématographique inside)


J'en ai un peu marre, j'ai remarqué quelques trucs désagréables, et ça m'agace profondément...

Mon mari s'est fait volé son vélo il y a quelques semaines.
Ok, c'est pas cool, il ne peut plus aller au boulot en bicyclette, quel dommage.

On a perdu un bébé aussi.
Ok, y'a pas mort d'homme (tout dépend ce qu'on entend par "homme"), on s'en remet peu à peu.
Moi moins facilement que lui, mais j'ai subi plus de dommages collatéraux aussi.

Ce que d'aucun ont l'air d'oublier.

Mii explique à des gens qu'il s'est fait volé son vélo.
Florilège des réactions:
"Oh la la! Mais c'est vraiment pas de chance!!"
"Oh mon pauvre, j'espère que l'assurance te le rembourse!"
"Et ça s'est passé dans votre immeuble? Mon dieu, quelle horeur..."

Quand j'ai annoncé ma fausse couche, les réactions ont été les suivantes:
"Ha! Mais c'est pas grave tu sais!"
"Valait mieux que ça arrive..."
"Vous en ferez d'autres!!"

Mes conclusions:
Mieux vaut perdre un vélo qu'un bébé si on veut s'attirer la compassion sociale.
Et visiblement, perdre un vélo est beaucoup plus douloureux et ennuyeux dans l'esprit général que de perdre un bébé.


Ces attitudes se veulent sans doute rassurantes, ou optimistes, ou que sais je encore.
Personnellement, ça me fait l'effet inverse. A chaque fois que j'entends un "c'est pas grave!" ou "Valait mieux que ça se passe ainsi", j'ai envie d'étrangler la personne qui prononce ces mots après lui avoir demandé combien de fois elle a vécu ça pour se permettre de juger...

Je préférerais que les gens ferment leurs gueules, et qu'ils nous laissent exprimer notre mieux-être s'il y a lieu.

J'ai juste envie de leur hurler de me laisser être malheureuse tant que ça me chante. Je ne viens pas crier mon chagrin sous leur fenêtre, qu'ils ne viennent pas exprimer leur avis sous la mienne.

Merde, 12 jours... Je ne suis pas certaine qu'un deuil prenne si peu de temps.

vendredi 7 août 2009

C'est pas grave!

Comme par hasard... Le dernier billet que j'ai écris ici, c'est la veille du jour où j'ai su que j'étais enceinte.

Finalement, je reviens ici dans le même "état". Vide.
Même si techniquement, ça n'était plus le cas depuis 2 semaines environ la dernière fois.

Je ne vais ni bien ni mal.

Pour résumer vite fait, le 26 juin, jour de notre départ en Turquie, j'apprenais que j'étais enceinte, après 3 mois d'essais.

Je n'ai pas réalisé. J'ai juste arrêté de boire de l'alcool, et j'ai remplacé l'ibuprofène par du paracétamol.
J'étais heureuse, mais je n'ai pas percuté qu'en moi, la vie se développait.
Trop tôt peut être... Ou un message subliminal de mon corps pour me dire de ne pas m'enflammer. Je crois en la communication inconsciente du corps avec l'esprit.

Le 21 juillet: échographie. Tout va bien. J'ai dans le ventre un être de la taille d'un haricot qui a un coeur qui bat.
Je suis à peine émue.
Je suis plus sensible à ma Mouflette, assise à côté de moi et qui pose plein de question, que par ce que je vois à l'écran. Trop petit, trop abstrait...

Le 24 juillet, départ aux urgences, je fais une hémorragie bien comme il faut.
Je pleure, je suis certaine qu'il est parti, que c'est la fin.
Examens, prises de sang, échographie, dopler... Et ce son qui résonne... Le petit être est toujours là, avec un coeur qui bat. Je pleure de soulagement. Il s'est accroché, il veut vivre. Les saignements lui sont étrangers tout va bien.

Le gynéco me dit que rien n'est gagné. Si les saignements persistent, une fausse couche est à prévoir. En revanche, s'ils cessent, la grossesse continuera son cours normal.

Les saignements cessent. Je suis rassurée, mais paniquée aussi. Je ne sens rien, je ne sais pas ce qui se passe dans mon propre corps.

Le 27 juillet, mon mari part en déplacement à l'étranger, pour la semaine. Je vais faire l'échographie de contrôle, vérifier que tout va bien.
Et le choc... Le coeur s'est arrêté. Il est toujours là, bien accroché, mais décédé.
Et moi je suis seule, avec ma Mouflette désemparée.

On me prescrit des médocs abortifs. Que je prend. Douleurs, sang, l'impression d'avoir déjà vécu ça... Ha ben oui, 20h avant de mettre au monde Mouflette, les mêmes douleurs de contractions utérines. Super!

Encore des douleurs, et du sang, du sang, beaucoup trop. Urgences. Encore.
Ils me gardent la nuit, font cesser l'hémorragie.
Echo de contrôle. Il est parti, mais pas le placenta.

Re médocs. Re douleurs, re sang, re tout.

Echo, encore, et malgré tout ça, le truc est resté là.

Samedi 1 août. Mon mari est rentré dans la nuit. Il me ramène à l'hôpital, je dois me faire opérer pour retirer ce qui reste.

Dimanche 2 août, on est chez nous. Désoeuvrés, vides de ce bébé que nous attendions, malheureux, en colère...

Et tous ces gens croisés au fil des jours qui, malgré mon teint blafard et mes yeux de lémurien, me disent "Ce n'est pas grave!"

Non, c'est vrai, ce n'est pas grave... A ce stade, plus rien n'a d'importance.

Depuis près de 2 semaines, je survis.
La vue d'une femme enceinte me donne des envies de meurtre, tout particulièrement quand celle-ci a une clope au bec ou un verre de rouge à la main.
La vue d'un bébé, même le plus laid du monde, me tord le coeur, avec cette envie qu'il soit à moi.
Même Mouflette, je la regarde, et ça me fait mal. Elle a compris, elle est intelligente. Elle sait, elle, que ce n'est pas "très grave". Qu'elle aura son petit frère ou sa petite soeur juste un peu plus tard. Hier, nous sommes retourné la chercher chez ma mère pour l'emmener à son stage de théâtre (elle s'amuse au moins) et elle m'a demandé "Tu as un nouveau bébé dans ton ventre?" A noter que la semaine dernière, elle m'a demandé de ne rien lui dire si je retombais enceinte, qu'elle voulait s'en rendre compte toute seule, et ne pas savoir si le prochain meurt lui aussi. J'ai eu mal. J'envie sa naïveté, son enthousiasme de petite fille.

Bref, je commence à voir le bout du tunnel. J'attends le "retour de couche", comme ils disent, comme si il y avait eu "couche"...
Bref, j'attends d'avoir mes règles à nouveau, pour pouvoir procréer.

L'envie est toujours là. Le désir plus présent que jamais.
Je m'en veux tant de ne pas avoir donné d'existence à ce petit être... Il n'a été concret pour moi que 3 jours avant de mourir. Maintenant, c'est le vide qui est concret.