vendredi 7 août 2009

C'est pas grave!

Comme par hasard... Le dernier billet que j'ai écris ici, c'est la veille du jour où j'ai su que j'étais enceinte.

Finalement, je reviens ici dans le même "état". Vide.
Même si techniquement, ça n'était plus le cas depuis 2 semaines environ la dernière fois.

Je ne vais ni bien ni mal.

Pour résumer vite fait, le 26 juin, jour de notre départ en Turquie, j'apprenais que j'étais enceinte, après 3 mois d'essais.

Je n'ai pas réalisé. J'ai juste arrêté de boire de l'alcool, et j'ai remplacé l'ibuprofène par du paracétamol.
J'étais heureuse, mais je n'ai pas percuté qu'en moi, la vie se développait.
Trop tôt peut être... Ou un message subliminal de mon corps pour me dire de ne pas m'enflammer. Je crois en la communication inconsciente du corps avec l'esprit.

Le 21 juillet: échographie. Tout va bien. J'ai dans le ventre un être de la taille d'un haricot qui a un coeur qui bat.
Je suis à peine émue.
Je suis plus sensible à ma Mouflette, assise à côté de moi et qui pose plein de question, que par ce que je vois à l'écran. Trop petit, trop abstrait...

Le 24 juillet, départ aux urgences, je fais une hémorragie bien comme il faut.
Je pleure, je suis certaine qu'il est parti, que c'est la fin.
Examens, prises de sang, échographie, dopler... Et ce son qui résonne... Le petit être est toujours là, avec un coeur qui bat. Je pleure de soulagement. Il s'est accroché, il veut vivre. Les saignements lui sont étrangers tout va bien.

Le gynéco me dit que rien n'est gagné. Si les saignements persistent, une fausse couche est à prévoir. En revanche, s'ils cessent, la grossesse continuera son cours normal.

Les saignements cessent. Je suis rassurée, mais paniquée aussi. Je ne sens rien, je ne sais pas ce qui se passe dans mon propre corps.

Le 27 juillet, mon mari part en déplacement à l'étranger, pour la semaine. Je vais faire l'échographie de contrôle, vérifier que tout va bien.
Et le choc... Le coeur s'est arrêté. Il est toujours là, bien accroché, mais décédé.
Et moi je suis seule, avec ma Mouflette désemparée.

On me prescrit des médocs abortifs. Que je prend. Douleurs, sang, l'impression d'avoir déjà vécu ça... Ha ben oui, 20h avant de mettre au monde Mouflette, les mêmes douleurs de contractions utérines. Super!

Encore des douleurs, et du sang, du sang, beaucoup trop. Urgences. Encore.
Ils me gardent la nuit, font cesser l'hémorragie.
Echo de contrôle. Il est parti, mais pas le placenta.

Re médocs. Re douleurs, re sang, re tout.

Echo, encore, et malgré tout ça, le truc est resté là.

Samedi 1 août. Mon mari est rentré dans la nuit. Il me ramène à l'hôpital, je dois me faire opérer pour retirer ce qui reste.

Dimanche 2 août, on est chez nous. Désoeuvrés, vides de ce bébé que nous attendions, malheureux, en colère...

Et tous ces gens croisés au fil des jours qui, malgré mon teint blafard et mes yeux de lémurien, me disent "Ce n'est pas grave!"

Non, c'est vrai, ce n'est pas grave... A ce stade, plus rien n'a d'importance.

Depuis près de 2 semaines, je survis.
La vue d'une femme enceinte me donne des envies de meurtre, tout particulièrement quand celle-ci a une clope au bec ou un verre de rouge à la main.
La vue d'un bébé, même le plus laid du monde, me tord le coeur, avec cette envie qu'il soit à moi.
Même Mouflette, je la regarde, et ça me fait mal. Elle a compris, elle est intelligente. Elle sait, elle, que ce n'est pas "très grave". Qu'elle aura son petit frère ou sa petite soeur juste un peu plus tard. Hier, nous sommes retourné la chercher chez ma mère pour l'emmener à son stage de théâtre (elle s'amuse au moins) et elle m'a demandé "Tu as un nouveau bébé dans ton ventre?" A noter que la semaine dernière, elle m'a demandé de ne rien lui dire si je retombais enceinte, qu'elle voulait s'en rendre compte toute seule, et ne pas savoir si le prochain meurt lui aussi. J'ai eu mal. J'envie sa naïveté, son enthousiasme de petite fille.

Bref, je commence à voir le bout du tunnel. J'attends le "retour de couche", comme ils disent, comme si il y avait eu "couche"...
Bref, j'attends d'avoir mes règles à nouveau, pour pouvoir procréer.

L'envie est toujours là. Le désir plus présent que jamais.
Je m'en veux tant de ne pas avoir donné d'existence à ce petit être... Il n'a été concret pour moi que 3 jours avant de mourir. Maintenant, c'est le vide qui est concret.


2 commentaires:

Blogger zora a dit...

la vache !
Je rentre à peine, et je vois ton post... que dire
courage
grosses bises !
si je peux fair quelque chose, n'hésites pas

7 août 2009 à 20:18  
Anonymous Anonyme a dit...

C'est terrifiant quand le vide est concret. Je te trouve bien courageuse, en tout cas. Et en tant qu'homme, c'est à peu près tout ce que je saurai dire.

L'oiseau

7 août 2009 à 22:17  

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